dimanche 29 décembre 2013

Le temps des excès…

La Soirée du Patrimoine 2013 devait commencer par la représentation de l’arrivée à Sarlat du Président de la République, Raymond Poincaré (21 septembre 1913). Elle fut noyée sous un déluge.

Le temps en 1913 était aussi pluvieux ce jour-là, mais les Sarladais, fidèles à leur réputation, surent accueillirent chaleureusement leurs visiteurs parisiens en leur offrant, dans l’ancien évêché, un banquet de cent cinquante couverts.

Comme nous sommes en période de grande bouffe, je vous propose le menu de ce banquet républicain :

Truite saumonée sauce tartare
Mignonnettes de veau aux truffes
Perdreaux truffés sur canapé
Rocher de foie gras truffé
Salade russe
Bombe glacée
Petits fours
Fruits

Pour les vins, on proposait :
Château Yquem 1895
Château Palmer, Margaux 1899
Chambertin 1898
Champagne Mumm, cordon rouge
Fine Champagne Hennesy x o (40 ans d’âge)

Étant un buveur d’eau par principe (et non, pas ennuyeux pour autant !) je ne ferai aucun commentaire sur la liste des vins. Mais ce que je remarque dans la liste des plats présentés c’est l’absence étonnante des légumes !

Décidément, c’est une tradition chez la plupart des restaurateurs, même – surtout – chez les plus grands. On a souvent l’impression que les légumes, rares, éparpillés dans l’assiette en petits tas comme pour occuper l’espace, ne sont pas des aliments intéressants.
Peut-être sont-ils difficiles à bien cuisiner ?
Même pas ! me confirme le Chef que je me garde sous le coude.
Ce goût excessif pour la viande, vue comme un aliment noble, vient sans doute de l’époque où seuls les riches pouvaient manger régulièrement de la viande (et du pain blanc !). Or on sait aujourd’hui que le pain blanc n’est pas bon pour la santé (je ne parle pas du goût) et que le pain bis ou complet est bien meilleur. On sait aussi que la viande, avec toutes ses qualités, a un effet négatif sur notre santé si elle est consommée en excès et on sait aussi qu’elle est plus coûteuse pour la nature à produire (sans parler des abattoirs…).
Changerons-nous d’habitude un jour ?













vendredi 20 décembre 2013

un vieux plan gravé


On dit toujours qu’une image vaut mille mot. C’est vrai aussi des cartes. Mais les cartes sont rares. C’est encore plus vrai des plans de villes.

J’adore ces plans en vue cavalière élaborés par de vrais artistes qui font rêver. Quel bon moyen de remonter les siècles ! On survole ainsi des communautés humaines dispares et, quand l'artiste est très bon, on peut même avoir l'impression de pénétrer dans l'intimité de ces gens disparus depuis des siècles. Belles machines à rêve.

Tenez, le plan de Vésunna, par exemple. Superbe. Évidemment, c’est ce qu’on appelle une vue d’artiste, mais les villes romaines sont faciles à imaginer, leurs constructeurs, peu imaginatifs mais entreprenants, suivaient minutieusement un plan officiel basé sur le cardo et le decumanus, les deux grandes artères perpendiculaires qui structuraient la ville. Si l’on connaît l’emplacement des arènes, du forum, de la basilique (tribunal) et des thermes, on peut imaginer facilement le reste, les maisons romaines sont connues par une documentation abondante. Regardez : on s’y croirait ! On reconnaît facilement la Tour de Vésonne et les arènes, grandioses qui ne sont plus aujourd'hui qu’un parc à jouer pour les enfants. 

Il n’en est pas de même au Moyen-Âge. On peut deviner, pour quelques grandes villes, un urbanisme plus ou moins précis, mais pour des villes modestes… Le plus vieux plan de Paris date de 1550 ; pour ceux de Bordeaux ou de Toulouse il faudra attendre 20 ou 30 années de plus ; celui de Sarlat date de 1627.
C’est-à-dire hier.
Plan de Tarde

C'est en baguenaudant l'autre jour que je suis tombé sur une gravure qui doit être assez ancienne, de facture naïve et approximative, mais où l'on reconnaît sans peine la silhouette de Sarlat dans ses remparts.




Plan gravé.


Qui s’est amusé à graver ce plan dans une pierre, sur un mur non pas caché mais discret ? À quel époque ? Et dans quel but ? Nous ne le saurons sans doute jamais.
Émouvant, non ?

mercredi 4 décembre 2013

Permanence

Les artistes de rue sont de toutes les époques.
Si au XVe siècle promener un nain ou un enfant dans la rue en le tenant en laisse et, en le forçant probablement, à marcher sur les mains, était considéré comme normal, aujourd'hui ce sont des marionnettes qui attirent les badauds.

Le musicien, l'acrobate et le chanteur : saltimbanques
du Moyen-âge dans une rue de Sarlat.
Nombreux à la saison touristique, les artistes de rue animent
jusque tard dans la nuit les rues sarladaises.

mercredi 6 novembre 2013

Langres et Sarlat

Découvrant cette belle ville de Langres je ne pouvais m’empêcher de penser à Sarlat. Et peu à peu m’apparurent les différences entre ces deux cités historiques.

Aperçu des remparts

Une ville entourée de remparts.


     Alors que la fondation de Sarlat ne remonterait qu’au neuvième siècle, Langres est à l’origine un oppidum, c’est-à-dire qu’elle fut fondée avant notre ère.
     Cet oppidum fut suivi d’une ville gallo-romaine dont on voit encore la trace dans les rues rectilignes et perpendiculaires de la ville d’aujourd’hui. Sarlat est remarquable par son lacis de ruelles et de rues plus ou moins tortueuses et plus ou moins radio concentriques.
     Nichée au fond d’un vallon très creux traversé par un ruisseau torrentueux, Sarlat pourrait faire croire qu’elle est frileuse. Perchée sur un plateau à près de 400 m, Langres s’étale sur trois fois plus de superficie – avec un tout petit peu moins de population – et de nombreuses maisons cachent des jardins privés qui doivent agrémenter la vie quotidienne.
     Les maisons de Langres, de diverses périodes, sont souvent plus cossues, plus importantes, que celles qu’on découvre à Sarlat, mais dans la complexité de leur plan respectif, les maisons nobles de Sarlat, quasi toutes de la fin quinzième et avant, n’ont rien à envier aux demeures langroises et sont plus resserrées dans le tissu urbain.
     Cependant, il est évident que Langres connut une prospérité plus longue que sa sœur sarladaise qui, vers le dix-septième siècle commence à s’endormir.
     Nombreuses à Sarlat, les niches – mariales pour la plupart – sont toujours logées au coin des maisons et semblent vouloir protéger les rues qu’elles dominent ; à Langres, les niches – pour la plupart mariales – sont toutes, sauf une je crois, placées en façade, en protection de la maison qu’elles décorent.
     Toutes deux étaient "ville cathédrale" mais le style de leur église diffère, ce qui est normal l'une en Champagne-Ardennes, et l'autre en Aquitaine.
     Toutes deux virent naître un philosophe célèbre : Diderot pour Langres, La Boétie pour Sarlat. Au vu de leurs idées respectives, ils auraient pu être amis, malgré les siècles qui les séparent.
    Enfin, grosse similitude  et grosse différence, les deux villes étaient fortifiées et Langres l’est encore. Pratiquement tous les remparts sont intacts à Langres alors qu’à Sarlat, comme mon article précédant le montre, il n’en reste que des traces. Si vous passez en Haute-Marne, ne ratez pas Langres, elle vaut le détour !

mardi 15 octobre 2013

Remparts, vous avez dit remparts ?…

Comme toute ville médiévale d’importance, Sarlat fut très vite fortifiée. Dès le XIIe siècle, semble-t-il, une enceinte protégeait la ville dans la forme qu’elle a aujourd’hui. Ces remparts devaient être impressionnants, mesurant jusqu’à 15 m de haut avec, à leur pied, des fossés de 8 à 12 m de creux. Sur le plan de Jean Tarde (1624) on ne compte que deux – peut-être trois – tours rondes, de taille très modeste par ailleurs. Cela confirme l’ancienneté des remparts sarladais, les tours de défense rondes ne s’étant répandues que sous l’impulsion de Philippe-Auguste (1180-1220). 

Comment se représenter les inconvénients causés par cet enfermement minéral ? Bien sûr, l’enceinte de la ville est le symbole de sa sécurité et les habitants devaient dormir en paix à l’abri de ces murailles. Bien sûr, ces remparts protégèrent la ville des attaques, autant pendant les deux guerres de cent ans que pendant les guerres de religion et pendant la Fronde… Mais quel entassement, quelle promiscuité, quelle insalubrité !…

J’ai essayé de prendre en photo les morceaux de remparts que le XVIIIe siècle modernisateur nous a laissé :






jeudi 26 septembre 2013

Incompréhensible !

L’hôtel de Maleville à Sarlat est un lieu très visité. Les touristes viennent y découvrir les œuvres de peintres et de sculpteurs qui exposent dans deux salles du premier étage. 

Un ami m’invite souvent à rester chez lui quand je suis de passage en ville et, régulièrement, j’entends les gens qui découvrent l’escalier en vis monumental s’esclaffer devant l’usure des marches : « Oh ! Tu as vu : on n’est pas les premiers à monter ! » est le genre de remarque que ces degrés suscitent. Voyez la photo.



Pourtant, faites l’essai vous-mêmes et vous découvrirez avec surprise que monter dans la plus grande profondeur des marches est la manière la moins aisée et la plus fatigante. Pour monter facilement, sans se fatiguer, il faut se tenir à une trentaine de centimètres du noyau de l’escalier, là où, justement, les marches ne sont pas usées !… Idem pour la descente.

Certes, cet escalier fut construit à une époque où il n’était plus de mode, alors que l’escalier à l’italienne (volée de marches et palier) avait conquis le royaume. Cela explique sans doute qu’il ne soit pas aussi facile à escalader que l’escalier en vis du XVe siècle d’une tour de noblesse comme on les rencontre en ville. Mais pourquoi monter à l’endroit où c’est le plus fatigant ? Avec un tel esprit on n’aurait jamais inventé la brouette !

La seule explication qui me vienne c’est que cet endroit était fréquenté par des gens « de la haute », vêtus de beaux atours et les dames, avec l’ampleur de leur robe, étaient obligées de rester près du mur, là où les marches sont larges, les seigneurs les suivant selon le même tracé.


Si quelqu’un à une autre explication, je suis preneur.

lundi 16 septembre 2013

Le nez en l'air 3 (que veulent-ils nous dire ?)

Quantité de maisons étaient décorées aux Moyen Âge, parfois simplement peintes de scènes religieuses ou de ce qui deviendra un jour les enseignes, parfois, pour les plus cossues, ornées de sculptures dont le sens souvent nous échappe. Quelques exemples :



1 -  Serait-ce Jonas avalé par la baleine ? En tout cas, il passe un mauvais quart d’heure le bonhomme !



2 - Et ce chien  dont les oreilles sont mordillées (ou déchiquetées ?) par deux autres chiens furieux ?


3 - Ce personnage aux jambes écartelées au coin d’une maison symboliserait la limite entre deux paroisse d’après M. E. Payen, l’architecte qui se chargea de la réfection des espaces publics de la ville.



4 - Ce personnage, qui ressemble à un clerc, orne le coin de la maion de l’autre côté de la rue.




5 - Sur la façade de l’église Sainte-Marie, ce chien, cet ours qui se moquent de nous et de nos petits problèmes, et ce porc qui rit tant que les pattes lui en tombent, pourquoi sont-ils présents à cet endroit-là ? 

mardi 3 septembre 2013

Le nez en l'air 2 (Putain de moine !)

Putain de moine !

Avec toutes mes excuses pour la vulgarité du titre, je trouve qu’il convient bien au sujet.

Quand j’ai commencé à faire visiter Sarlat aux touristes, j’imitais beaucoup mes collègues guides, deux jeunes femmes bien plus expérimentées que moi, et j’écoutais tout ce que des Sarladais bien intentionnés et amoureux de leur ville venaient me confier au creux de l’oreille. Plusieurs personnes, des esprits forts comme on disait avant, voulurent me démontrer qu’une tradition libertaire et libertine existait ici depuis très longtemps. La preuve était cette sculpture de moine sur la façade de l’hôtel Plamon :

Tu imagines, me disaient-ils, juste à côté de l’église paroissiale, oser sculpter sur la façade de l’immeuble bourgeois d’une des plus grandes familles sarladaises, un moine en train de se masturber !… Quel culot ! Quelle audace !

Un moine en train de se masturber…

Mouais. En fait, au cours de leur histoire les Sarladais n’ont pas toujours montré un esprit d’avant-garde. Je pense aux XIIe et XIIIe siècles où la ville ne connût pratiquement pas de cathares pourtant bien présents sur la vallée de la Dordogne toute proche. Je pense à l’accueil chaleureux de saint Bernard, représentant de l'ordre et de l'orthodoxie. Je pense aussi aux périodes des « troubles civils » du XVIe siècle, ce qu’on appelle aujourd’hui les guerres de religion, où les Sarladais se tinrent nettement du côté du pouvoir central. Je pense enfin au XVIIIe siècle où le premier maire révolutionnaire de la ville fut… l’évêque et où, à part l’abbé Pierre Pontard dont je reparlerai un jour, la ville ne se fit pas spécialement remarquer par sa vigueur révolutionnaire (ce qui est plutôt un bon point dans la mesure où cette vigueur était alors assez sanglante)… Pour être franc, cette histoire de moine me tracassait.

 Vu de profil, en clignant des yeux, on pourrait y croire… quoique…

Un jour, remarquant toute proche l’échelle du technicien qui entretenait le bec de gaz voisin, j’en profitai pour monter mettre le nez sur l’objet délictueux. Bien m’en pris puisque je découvris que cette belle légende était fausse. Voyez la photo : 1/ Ce n’est pas forcément un moine, l’homme portant le vêtement de l’époque et 2/ Il tient entre sa main qui le masse son pied droit endolori. Je dirais que c’est un pélerin fatigué d’avoir trop marché… exit le libertinage.

 Comme ça, de face, aucun doute. Il tient son pied mais ne le prend pas !

Curieusement, ces sculptures coquines se rencontrent plutôt sur les églises romanes qui, dans la région, datent pour la plupart, du XIIe siècle, alors que l'hôtel Plamon date du XIVe siècle. On en découvre un certain nombre sur les voussures du portail roman de la cathédrale de Cahors, par exemple (transporté sur le côté nord du bâtiment). Même de petites églises comme à Carsac, ou Cénac, pour rester près de Sarlat, nous donnent quelques exemples de postures peu orthodoxes, charmantes dans la naïveté de leur exécution.

Euh… je me relis… et je précise : exécution de la sculpture, bien sûr, pas des postures !

vendredi 26 juillet 2013

Le nez en l’air–I

Tout le monde sait qu’une ville se visite aussi le nez en l’air. 
On peut remarquer ainsi ces sculptures qui décorent les monuments et qui, à Sarlat, sont souvent d’origine inconnue.
Les plus vieilles sculptures qui existent encore ici remontent au XIIe siècle, ce qui semble naturelle puisque c’est le temps où le monastère prend toute son ampleur et où l’on commence à parler de Sarlat comme d’une ville.  

Ces sculptures du XIIe siècle vous les trouverez, logiquement, sur la façade de la cathédrale, ancienne abbaye. Mais ce n’est pas leur place d’origine, qu’on ignore aujourd’hui. Comme on ignore qui elles représentent. Et quand on ignore quelque chose, la place à l’imagination est là, grande ouverte et attirante où s’engouffre les érudits qui n’en manquent pas – d’imagination.  Parmi les identifications proposées, jugez-plutôt :























Tout à droite en regardant le portail de la cathédrale, je vous présente Atlas, le géant qui porte le monde sur ses épaules, encouragé dans son effort par Mercure, le dieu des voleurs. À gauche on rencontre des pélerins (?), un mendiant et un noble charitaable (?) ou… ?  Enfin, le meilleur pour la fin, cette statue, toute seule là-bas dans sa niche serait… Berthe-au-grand-pied, la mère de Charlemagne ! 
On peut se demander ce que ferait dans un monastère chrétien des statues de dieux païens ; la mère de Charlemagne serait plus facile à comprendre puisque les moines, qui cherchaient toujours à vieillir et à anoblir la fondation de leur monastère, affirmaient que Charlemagne en personne l’avait fondée…
Pourtant, l’identification est plus que douteuse. Charlemagne n’a rien à voir avec la création de l’abbaye et, si on a reconnu Berthe c’est parce que la statue a un pied plus grand que l’autre… alors que Berthe avait un pied plus petit, un pied-bot.  Quant au costume, c’est typiquement celui d’un homme de cette époque-là.



Comme il tient ce qui ressemble à un poisson, on pourrait dire qu’i s’agit de saint Pierre, pourquoi pas ? Mais, franchement, on n’en sait rien.
La facture en est très rustique et malgré quelques signes typiques de la sculpture romane (plis collés au corps notamment), elles pourraient même être plus anciennes. Là encore, il y a des recherches à effectuer.
À propos de sculpture romane, ne manquez pas d’aller admirer, dans l’église de Souillac, à gauche en entrant dans la nef, le prophète Ésaïe dansant pour la gloire de Dieu. Un chef-d’œuvre.


lundi 24 juin 2013

Nouvel à Sarlat

     C'était le 22 juin 2013, pour l'inauguration de l'ascenseur-belvédère de l'église Sainte-Marie.
Jean Nouvel, son concepteur était là.
     Après les discours des politiques  qui avaient été toujours pour le projet, ou qui avaient été contre au début et pour ensuite, ou qui avaient toujours eu des doutes mais plus aujourd'hui, et qui tous étaient très satisfaits d'avoir contribué peu ou prou au projet, l'architecte a parlé.
Il a rappelé son enfance à Sarlat et que c'est dans le dispensaire logé dans l'ancienne église qu'on lui a appris qu'il avait un gros cœur ce qui tombait fort bien, affirma-t-il parce que pour faire de l'architecture il faut un gros cœur. Il a mentionné le fait que les Sarladais, pour qui une porte doit être en bois avec des clous, avaient eu du mal à accepter ces deux grandes portes en acier, et que cela l'amusait beaucoup.
     Il a ensuite rappelé que dans le clocher, ce n'était pas un ascenseur qu'il avait voulu placer, mais un belvédère, endroit d'où l'on a une belle vue, d'après l'étymologie. C'est pourquoi il n'y avait pas de toit, pour qu'on ressente l'impression très nette qu'on va s'envoler dans le grand ciel bleu !
     Un voyage à ne pas manquer !


Coup d'œil en montant.
Dans ces toits cinq siècles au moins nous observent !

vendredi 31 mai 2013

Histoire fumeuse des origines

Comme souvent, les origines des lieux modestes sont l'objet de spéculations plus ou moins fantaisistes (et souvent plus). En voici quelques-unes sur les origines de Sarlat :

- Village au croisement de l’itinéraire antique Saintes/Cahors avec une voie secondaire  nord-sud. Remarque : Il est peu probable que cet itinéraire romain Saintes/Cahors soit passé par ici. En effet, pourquoi passer par un vallon très escarpé alors que, par Bergerac, le chemin plus direct permet d’éviter toutes les difficultés ? Encore faudrait-il savoir où passait cette voie romaine exactement. À suivre.

- Fondation de l’abbaye par Clovis (Ve s.).
Hypothèse complètement fantaisiste qu’on trouve dans les ouvrages du XIXe s.

- Fondation de l’abbaye par « Pépin ». D’accord.
Mais Pépin lequel ?
On compte au moins neuf Pépins qui ont régné sur un territoire.
En restant en Aquitaine, deux Pépins se dégagent des brumes de l’histoire : Pépin 1er d’Aquitaine (premier tiers du IXe s.) dont on ne sait pas grand chose sinon qu'il épousa Ringarde… joli prénom.
Et son fils Pépin II d’Aquitaine (deuxième tiers du IXe s.), qui passa sa vie à défendre son titre, très contesté, de roi d’Aquitaine et appela les Vikings à son aide. Mauvaise idée…
Néanmoins, il n'est pas impossible qu'un de ces Pépins-là ait fondé une abbaye dans ce vallon marécageux où la Cuze serpentait au milieu des roseaux, alimentée par de nombreuses sources.

Nous n’avons donc que des probabilités, sachant que les monastères avaient tendance à repousser la date de leur fondation le plus loin possible dans le temps pour justifier leur autorité. On peut simplement remarquer que l'abbaye de Sarlat est la seule qui échappa à la furie normande (IXe siècle). Ce qui indique qu'elle existait alors. Enfin, parmi les nombreuses pierres tombales qui parsèment encore le sol de l'ancien cimetière des moines, dans le jardin des enfeux, on remarques quelques pierres qui semblent très anciennes. Certaines, d'après leurs sculptures, pourraient remonter au VIIe siècle mais pourraient aussi n'être que romanes du XIIe : Je ne suis pas spécialiste.



Qui étudiera un jour ces pierres tombales pour les dater ?