Parce qu’ils manquaient d’argile de qualité qui puisse faire de bonnes tuiles, les Sarladais couvrirent pendant longtemps leurs toits de brandes comme les toits de roseaux qu’on voit encore en Normandie, mais formés de toutes sortes petits bois, de bruyères, de roseaux, de fougères… Posés sur trois couches ou plus, ces végétaux remplissaient leur office, mais lorsqu’ils étaient bien secs, qu’une bougie mettait le feu à une maison, l’incendie prenait rapidement des proportions effrayantes.
C’est peut-être pour cela que, s’inspirant des cabanes de pierre qui jalonnent la campagne environnante, les Sarladais commencèrent à construire leurs toits en pierre. Les cabanes, o cabano en dialecte local, faussement appelées bories en Périgord, ont un épais mur circulaire sur lequel on construit un toit en deux parties : l’intérieur, de pierres sèches posées à plat en encorbellement, forme un plafond lisse en forme de cloche qui, à l’extérieur, est hérissonné, mot qui illustre bien son sens. C’est sur cette irrégularité extérieure des pierres du plafond que se caleront les lauzes du toit, l’ensemble, sans mortier d’aucune sorte, tenant par son poids.
Les toits des maisons n’ont que la couche extérieure de lauzes, posées à plat sur une charpente. Quand je dis « que » c’est manière de dire. En effet, la construction en est complexe et le résultat final impressionnant.
Sur un mur d’environ 80 cm d’épaisseur, on pose la charpente, en chêne le plus souvent, composée d’éléments (les fermes) triangulaires : deux arbalétriers d’égale longueur qui formeront la pente du toit réunis à leur base par l’entrait. Ces fermes espacées de 50 cm ont déjà un poids énorme.
Elle doit être très solide pour supporter un toit qui pèsera ente 500 et 800 kg au m2 ! En effet, les lauzes posées en tas de charge sur une épaisseur moyenne de 30 cm, sans mortier donc, s’élèvent comme un mur de pierres sèches du sommet du mur au sommet du toit, coincées régulièrement entre de fragiles lattes de châtaigniers pour répartir le poids qui s’élève à plusieurs tonnes.
C’est le poids total du toit qui explique cette pente prononcée (60°) lui donnant des allures de toit de montagne sur lequel la neige glisserait.
Aussi complexes que rustiques, les toits de Sarlat lui donnent tout son charme.